Mini ADMINISTRATRICE
Nombre de messages : 7447 Age : 93 Localisation : La vallée des poupées Loisirs : MON SARDOU ET ENCORE DU MON SARDOU!!!! Date d'inscription : 14/01/2007
| Sujet: ROLAND GIRAUD 19.02.09 10:11 | |
| eudi 19 février 2009 Roland Giraud, il était une foi Chaque soir, il est sur scène dans le rôle d'un prêtre. Pour le protestant Roland Giraud, c'est plus que du théâtre. Sans brandir d'étendard, l'acteur revient sur sa foi et son métier. Tous deux l'ont aidé à surmonter le meurtre de sa fille Géraldine.
« ¯ Et pour vous Monsieur ce sera ?¯ Un déca s'il vous plaît... »Surtout pas d'excitant : tout à l'heure il y aura la sieste. Comme chaque jour, « quoi qu'il arrive ». Juste au-dessus de ce coquet salon de thé, dans un appartement, au pied du Sacré-Coeur. Mais « désolé, je ne peux pas vous y recevoir, on est en pleins travaux ».La sieste pour faire le plein de tonus, mais pas pour nourrir des rêves. Roland Giraud n'en a pas besoin, la vie s'en charge. Depuis un mois, Bonté divine ! lui fait croire aux miracles. Cette comédie remplit tous les soirs le petit théâtre de la Gaîté-Montparnasse à Paris (1). Un prêtre, un rabin, un imam et un bonze discutent de la foi et du doute qui va avec. Un regard « fédérateur, fraternel, intelligent » sur la religion, pour que « même ceux qui ne croient pas s'instruisent. Après la représentation, les gens achètent le texte. C'est la première fois que je dédicace un livre que je n'ai pas écrit ! » (2).Il n'est pas l'auteur mais il signe des deux mains. Car il fait bien plus que son métier dans cette aventure. Les mots qu'il dit sont ceux de ses convictions : « La religion, ça veut dire relier, non ? » Il lui a fallu du temps pour s'en convaincre, lui, le fiston d'un postier radical-socialiste, élevé en Périgord dans la longue tradition de l'anticléricalisme du Sud-Ouest : « Mon père, c'était un homme formidable mais avec des convictions bien arrêtées. »Le jeune Giraud découvrira les frémissements de la foi pendant la guerre d'Algérie, auprès d'un maréchal des logis prêtre. Mais c'est avec la comédienne Maaike Jansen que ses engagements se sont affirmés. Il adopte sa foi protestante en même temps qu'il l'épouse : « Une calviniste d'origine hollandaise. Le message de paix et d'amour que j'entendais m'intéressait par son authenticité. J'ai adhéré. » Il avait 26 ans, et déjà les promesses d'une carrière bénie. Il aurait voulu être acteur dans des films de cow-boys, comme ces Gary Cooper, Gregory Peck ou Robert Mitchum qu'il admirait au cinéma.Mais quand il est monté à Paris, à 19 ans, avec pour tout bagage un double échec au bac, il se voyait plutôt chanteur. Bonne pioche : « Le jour de mon arrivée, j'ai auditionné pour remplacer un choriste malade dans L'auberge du Cheval blanc. J'ai été pris. » Ça a duré six mois, pendant lesquels il passait sa journée à courir les castings : « Qu'on demande un petit blond ou un grand brun, j'y allais. Je les avais à l'usure. »« Il ne faut pas être triste »Le hasard et la chance s'en sont mêlés quand, avec Anémone et Martin Lamotte, ils ont construit La maison de la veuve Pichard, un café-théâtre voisin de « nos amis et rivaux du Splendid ». Grâce à Coluche qui cherchait un chanteur pour renforcer son équipe, il fera le saut chez la concurrence. Le théâtre, le cinéma. Papy fait de la résistance, Trois hommes et un couffin...Des rôles qui marquent, un public qui se fidélise. Elle est belle l'aventure, jusqu'à ce 1er novembre 2004. Le meurtre de sa fille Géraldine, 36 ans, et de son amie Katia. Le soir même où les corps ont été retrouvés, il monte sur scène. Aujourd'hui, il en parle avec une dignité apaisée : « J'ai joué comme un automate. Mais il le fallait. Je suis persuadé qu'elle l'aurait voulu. C'est inexplicable pour qui ne l'a pas vécu. L'instinct de vie doit être plus fort. Serrault, Belmondo ont réagi de la même façon dans des circonstances semblables. »Il sait tout ce qu'il doit à sa foi pour avoir réussi à traverser cette épreuve. Elle lui dicte ses convictions, ses comportements, ses engagements. Un petit badge de Mécénat chirurgie cardiaque est accroché au revers de sa veste : « Oui, j'aide quelques associations. Comme tout le monde. Mais je ne fais pas le dixième de ce que je devrais faire », lâche-t-il d'une voix qui se veut discrète pour ne pas mélanger les genres.Pas question de s'afficher dans les coteries et les clans. Il va au temple ; il n'est d'aucune chapelle : « Je ne conçois pas qu'un acteur puisse donner son opinion sur autre chose que son métier. Je trouve ça indécent. » Prudence, réserve, pudeur, sagesse : « Ça fait 43 ans que ça dure pour moi, mais je sais bien que ça s'arrêtera un jour. Il suffira de deux pièces ou deux films qui ne marchent pas. Alors, on se souvient des paroles de Salomon dans l'Ecclesiaste : ' Vanité des vanités, tout n'est que vanité '... » Pause. « Mais il ne faut pas être triste. » Juste lucide.
Pierre FORNEROD.Photo : Claude STEFAN. | |
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