Sécurité maximale, jeudi, au Salon du livre qu'inaugurait le président israélien Shimon Peres dont son pays, Israël, est l'invité d'honneur cette année. Avant 19h, tandis que l'homme d'Etat arpente les allées de la porte de Versailles, accompagné de la ministre de la Culture, Christine Albanel, les portes restent désespérément closes aux journalistes et aux exposants. Même certains «people» comme Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la Bibliothèque nationale de France, l'écrivain Dan Franck ou le philosophe André Glucksmann doivent patienter sous la pluie qui commence à tomber.
Après 19h, Shimon Peres parti, les centaines d'invités - le tout Paris de l'édition - s'engouffrent dans les halls du parc des expositions. Pendant ce temps, de l'autre côté de la rue, devant l'entrée du Salon, une vingtaine de personnes, dont certains ont le visage caché par un keffieh, se rassemblent devant les caméras et derrière une banderole blanche «Halte au terrorisme de l'Etat colonialiste Israël». Ils sont réunis à l'appel de différentes organisations pro-palestiniennes ainsi que du collectif d'extrême gauche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, un membre du Front populaire pour la libération de la Palestine condamné à la prison à vie pour assassinats.
Soutien au boycott
Léa, la cinquantaine, dit être venue protester contre l'absence d'écrivains palestiniens. Et rappeler qu'«en Palestine, il y a une terre et deux peuples, enfin, si la religion définit un peuple, ce dont je doute». Un haut-parleur se met à scander «boycott d'Israël au Salon du livre, Palestine vivra vaincra, Palestine vivra» ou encore «sionistes, fascistes, c'est vous les terroristes».
La foule des invités semble indifférente à la manifestation, prend poliment les tracts que les manifestants leur tendent. A l'exception de certains, qui disent ne pas «vouloir boycotter les livres». Ce à quoi ils s'entendent accuser de soutenir «les nazis».
Ashraf est venu manifester, lui, car il souhaite «un boycott de l'entité sioniste comme on le faisait avec l'Afrique du sud au temps de l'Apartheid». Il n'est pas surpris de la faible mobilisation, car les «médias présentent les choses de façon biaisée». Pour un policier en civil, qui surveille l'agitation au loin, la grosse manifestation avait déjà eu lieu le samedi 8 mars, au métro Barbès-Rochechouart. Il n'est donc pas surpris par la taille réduite du regroupement. Celui qui ne veut pas dire combien de forces de l'ordre sont mobilisées glisse que la police restera toutefois «vigilante» tout au long du Salon. «La situation peut être très évolutive. Une bombe à Gaza et ici, la tension peut se ressentir.»