Michel Sardou et la chanson française
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Michel Sardou et la chanson française

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 J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON

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MessageSujet: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime22.10.07 14:24

Vous pourrez lire un peu plus bas de la page d'accueil l'interwiew

Michel Sardou: «J’ai besoin d’arrêter la chanson»


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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime22.10.07 15:58

Je vais de ce pas lire ça !
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime22.10.07 16:08

Mini a écrit:
Vous pourrez lire un peu plus bas de la page d'accueil l'interwiew

Michel Sardou: «J’ai besoin d’arrêter la chanson»


http://www.24heures.ch/pages/home/24_heures/l_actu/culture

Certes, je me suis levée à 4 h du matin... ceci explique peut être cela... mais je ne vois pas l'article !!! J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 651520 Je dois avoir un problème moi ! J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 261193!
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime22.10.07 17:35

merci pour le lien J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 526998
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime22.10.07 19:06

Sardounette a écrit:
Mini a écrit:
Vous pourrez lire un peu plus bas de la page d'accueil l'interwiew

Michel Sardou: «J’ai besoin d’arrêter la chanson»


http://www.24heures.ch/pages/home/24_heures/l_actu/culture

Certes, je me suis levée à 4 h du matin... ceci explique peut être cela... mais je ne vois pas l'article !!! J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 651520 Je dois avoir un problème moi ! J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 261193!

Si descends la page d'accueil tu verras même une petite photo de sardou
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime22.10.07 21:46

Michel Sardou: «J’ai besoin d’arrêter la chanson

Le chanteur sera à l’Arena, à Genève, les 1, 2 et 3 novembre. En exclusivité, il évoque pour nous sa vie et sa carrière (entretien intégral).


J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Ms24heuresez5

Nous sommes aujourd’hui à l’Olympia. Votre première prestation dans ce lieu mythique, c’était en 1970…

]Même avant (ndlr: on confirme, 1970). Ça me fait de la peine d’en parler, mais la première fois c’était avec Jacques Martin. Il avait voulu que je sois vedette américaine, j’avais pas encore l’étoffe pour ça. A l’époque, Bruno Coquatrix (ndlr: l’ancien directeur de la salle parisienne, aujourd’hui décédé) me voit… je faisais des remplacements… et il me dit: «Ben, maintenant, tu commences à avoir du succès, tu vas être vedette anglaise». J’ai fait vedette anglaise, le spectacle d’après j’ai été vedette américaine, celui d’après je suis un peu parti en tournée. Ensuite, j’ai fait le premier récital accordé à un jeune. A l’époque c’était réservé à Brel, Bécaud, mais j’avais pas assez de chansons, alors je chantais deux fois les mêmes. En première et deuxième partie. Et le public était ravi…


Quand vous revenez ici, vous éprouvez de la nostalgie?

Curieusement, je ne ressens pas de nostalgie ici. C’est un endroit… au début, on traîne les pieds quand on arrive à l’Olympia. Parce que le décor ne rentre pas en entier, parce que la scène n’est pas assez grande, parce qu’on peut pas mettre toutes les lumières, etc. Et puis une fois qu’on est sur le plateau, il y a une telle ambiance, une telle chaleur, qu’on se fout complètement du décor. Ils viennent vraiment voir le chanteur. Depuis trois jours, il y a ici une ambiance que je n’avais pas au Zénith. J’avais une très bonne ambiance, mais c’était plus dispersé. Là, c’est compact. Je crois que le public aime bien nous voir transpirer.

Il y a de l’angoisse avant de monter sur scène?

Non, pas d’angoisse. Finalement je ressens plus de plaisir que dans des immenses Bercy, où évidemment on met tout dans le décorum, mais finalement la personnalité s’efface derrière. Ça devient une espèce de show lumineux, avec des effets spéciaux, des lâchers de chameaux… c’est autre chose.

Il y a dans votre répertoire des titres qui semblent, aujourd’hui, assez prémonitoires. Par exemple «Cent milles universités»: «On se dira je t’aime sur des IBM», ou encore «Les Villes de Grande solitude».

Je prends d’instinct ce qui m’entoure. Vous dire que je suis un clairvoyant, non. Mais je sens bien où on va, où ça nous conduit. Quelquefois j’ai raison, d’autres fois non. Mais j’avais bien ressenti l’évolution, quand j’ai vu ces tours, dans les années soixante-dix, je me suis dit c’est pas possible, ça tiendra jamais la route, on est parti pour s’empiler les uns sur les autres. Quand j’ai fait «Cent milles universités», je me suis dit: «A quoi ça sert de faire des études?». Ces mômes qui ont un bac + 4 ont un mal fou à se faire engager comme caissière dans un supermarché. C’est comme le Bac G: je ne savais pas, par contre, que G ça correspondait à comptabilité. Je pensais que c’était le bac général. Je me disais qu’avec le Bac G, on est quoi maintenant? Poinçonneur? Y’en a plus.

«Hors format», le nouvel album, est un double. Le premier de votre carrière. Pourquoi avoir attendu si longtemps?


’est Pascal Nègre qui a eu cette idée-là. Nous, on fait toujours plus de chansons que ce qu’on enregistre. Il m’a dit: «on joue le jeu du double album». Je ne suis pas sûr qu’il ait eu raison, parce que ça le met à un prix un peu trop élevé. Ça nous a handicapés un petit peu. Il faut être honnête: pour les gens, le disque est trop cher. J’en reste persuadé: c’est pas un produit de grande consommation. Il n’y a pas de raison de payer 30 euros, ou de payer une place 150 euros. Mais comme tout a été multiplié par 10 en 20 ans, on est dans une impasse financière. Les gens consomment de la musique à mort, on n’a jamais écouté tant de musique et en même temps la musique rame. Alors il y a quelque chose qui ne va pas. Et à mon avis, ça vient du coût… Là, au minimum, en serrant les coûts de partout, c’est hors d’atteinte pour le public qui vient me voir. C’est un public populaire, et qui vient en famille en plus.

C’est vrai, plusieurs générations se croisent désormais lors de vos concerts.

Il y a tout, moi je trouve ça bien. A mon dernier concert, j’avais même des punks. Ça me fait rire. Hier, y’avait des enfants, des jeunes filles. J’en suis très fier, d’ailleurs. Parce que, avoir un seul public, c’est mauvais signe. Quand il va prendre un peu de bouteille, il vous lâche. Vous savez, c’est comme les chanteurs qui ont un public d’enfant: quand ils ont 8 ans, ils vous adorent, quand ils en ont 12, ils vous oublient complètement.

Vous dites: «Je ne suis pas l’homme de mes chansons». Qu’est-ce qu’elles disent de vous, alors?

J’ai un principe qui… que peu de gens remarquent… j’ai une façon d’écrire: j’attaque en biais. Je donne l’impression de parler d’un sujet, mais en fait j’en traite un autre. Très souvent, le public s’imagine qu’on raconte notre vie. J’ai une nouvelle chanson, que je chante sur scène, qui s’appelle «Les yeux de mon père». Mais ça n’a rien à voir avec moi: c’est le conflit des générations et le regret qu’on a après. Se dire: «Merde, si j’avais su, j’aurais parlé un peu avec mon père, je l’aurai pas pris en grippe tout de suite». Alors beaucoup de gens pensent que je parle de mon père, comme j’en parlais dans «Le fauteuil». Il y a quelquefois une confusion. En plus, j’emploie souvent le «Je» pour m’impliquer davantage. Alors, les gens s’imaginent que ce que je raconte est vrai, que c’est ma vie. Mais c’est souvent très éloigné de ma vie, de ma personnalité.


Malgré tout, vous-même vous reconnaissez n’avoir jamais vraiment parlé avec le vôtre…

Quand je l’ai vu mort… On a parlé, bien sûr. Mais peut-être pas assez. Parce que tous les deux, on était des silencieux, des timides. Quand je plaisante sur scène là-dessus… il y a toute une partie où je plaisante sur ce que j’ai écrit, pourquoi je l’ai écrit, en me foutant de ma gueule, évidemment… et c’est vrai que tout le monde a du mal à croire à ma timidité, qui s’extériorise dès qu’on est ici. Mais quand je rentre chez moi, je suis plutôt un taiseux. Je me confie pas facilement. Je me confesse jamais. Ou je mens (rires).

C’est de la pudeur?

Peut-être… Certainement.

Sarkozy dit de vous que vous êtes à la fois grande gueule et sensible. Ça vous correspond?

Pas loin d’être juste, oui. Un peu provoc, aussi, j’aime bien ça. Mais il n’y a pas de méchanceté: je ne suis pas un homme méchant. J’aime l’humour, j’aime… par contre je suis un homme honnête. Je ne triche pas.

Entier…

Entier, voilà. Alors, je peux me tromper «entièrement». Mais au moins je me trompe avec honnêteté. Voilà. C’est à la fois une qualité et un défaut.


Parfois, ça a été mal perçu…

Oui… Parce que le public s’imagine… J’ai commencé très jeune, à 18 ans. Entre 18 et 25 ans, j’écrivais comme un fleuve. J’écrivais ce qui venait. Sans penser que les mots tuent. Il y a des mots qui tuent, il y a des mots graves. Moi, j’écrivais, je pensais à rien. Alors, évidemment, dans ce mouvement-là, je me rendais pas compte que j’allais toucher un sujet extrêmement sensible. Que j’allais faire de la peine à quelqu’un. Que j’allais provoquer un scandale. J’étais stupéfait. Mais ça, c’est les erreurs de jeunesse. Maintenant, je les commettrais plus, bien sûr, mais il s’est passé 35 ans. Alors, évidemment, ça a été mal perçu. Et c’est ma faute, ma très grande faute. C’est plus un péché de jeunesse qu’un état d’esprit. C’est pour ça que je dis: «Je ne suis pas l’homme de mes chansons», je ne suis pas aussi dur que les chansons que je faisais. Je pense que l’inspiration vient de l’extérieure: donc, ça m’a été soufflé, et moi j’écrivais. Quand j’écris, c’est à lignes continues. Et je ne me relis pas… c’est peut-être une connerie. Maintenant, je me relis, attention. Mais à l’époque, ce sont ces maladresses-là qui m’ont fait. Et finalement, ces maladresses et ces scandales ont fini par ancrer une personnalité. Que je n’aurais peut-être pas eu, si j’avais fait des chansons bien dans l’air du temps, bien politiquement correct. Là, je suis apparu comme un personnage à part, un peu bizarre. Et je me suis dit: «Tient, je vais le cultiver, ça. Au moins, il en sort quelque chose, en bien ou en mal».

Il y a eu «Les Ricains», par exemple. Un titre qui a éclipsé d’autres chansons, plus douces…

A l’époque, les années 70, il fallait être d’un camp ou de l’autre. Aujourd’hui, il y a toujours des camps, mais c’est moins tranché, les choses s’éclaircissent. Mais à l’époque, un chanteur qui avait des idées de droite, c’était un monstre, forcément. Ça n’pouvait pas être un homme normal. Je crois que j’étais le seul. Mais, vous verrez sur scène, j’en plaisante… Mais, je me suis dit, après tout, j’en ai rien à foutre. Tous les gens qui ont suivi une ligne et qui n’ont pas eu d’aspérité, ils sont où? Il n’y en a plus beaucoup. Faut quand même être quelqu’un. Moi, j’adore Renaud: on partage pas du tout les mêmes opinions, mais on est très amis dans la vie. Tant mieux. Je suis pas d’accord avec lui, mais au moins c’est sa personnalité. Il est lui-même. Avec une voix de merde, avec tout ce que vous voulez, mais au moins il vit son truc. Là, il vient de se lancer dans je sais pas trop quoi, un combat pour l’écologie…
Contre la corrida…

La corrida? Bon, très bien. Ça va choquer les mecs qu’aiment les corridas? Et bien très bien. Il faut être quelqu’un.

De même, vous avez fait un sketch avec Bedos, qui est ancré à gauche.

Oui. C’est un ami de famille, Guy. Alors, on s’est engueulé des milliards de fois, mais en riant. Il disait toujours de moi «Tu chantes juste mais tu penses faux». Alors moi, je lui réponds: «Tu chantes mal, mais tu penses juste, peut-être?». Alors, ça va… Jamais, pour moi, les opinions n’ont pris le pas sur l’amitié. Chacun pense ce qu’il veut, ça n’empêche pas qu’on ira boire un coup. Je ne pense pas que les Français soient dans deux camps adverses, et qu’on va sortir les épées dès qu’on se croise dans un bistro.

La France reste politiquement très manichéenne, par rapport à la Suisse…


Mais ça s’est calmé. Par rapport à 70, là, c’était l’enfer. Et c’en était ridicule.

Finalement, on parle souvent de ça, des polémiques, mais moins de l’écriture. Pourtant, vous êtes et avez toujours été un auteur.

J’avais une grande facilité d’écriture, que ce soit les rédactions, les dissertations. Et un jour, je trouve que deux lignes riment. J’ai continué à écrire en vers. Et j’en ai fait un cahier entier. Je n’ai pas difficulté à chercher la rime. Et je me suis rendu compte que la rime, au fond, quand vous écrivez, l’idée que vous avez au départ, ça n’a plus d’importance: c’est la rime qui la guide ou qui la déforme. C’est pas forcément l’idée de départ que l’on mène jusqu’au bout, au contraire d’un romancier. Cette musique des mots vous fait parfois dire l’inverse de ce que vous vouliez dire au départ. Ça, ça m’arrive très souvent.

Vous avez déclaré ne pas aimer les refrains…

Oui. Vous savez, avant les chansons étaient composées de deux couplets et d’un petit pont qui amenait le refrain. Et ce putain de petit pont, c’était toujours trois lignes… On était obligé de passer par ces trois lignes qui foutaient en l’air l’idée. Alors que pour moi la chanson est un débit, c’est une réplique: c’est une émotion, en fait. Vous envoyez une émotion, que vous ne maîtrisez pas vraiment avec un stylo. Tout à coup, ça vient. Quand j’ai fait la chanson sur Alzheimer, «Nuit de satin»… Goldman vient et me déclare: «Tiens, il faut que tu fasses une chanson sur Alzheimer». Il commence et il me dit: «Pour autant qu’il m’en souvienne…». Je lui dis: «Tu te fous de ma gueule». Je la mets pas sur scène, parce qu’elle mériterait une présentation, je suis pas sûr que tout le monde comprendrait ça très bien… C’est un exercice extraordinaire, sans parler de la maladie, uniquement en l’évoquant à travers un personnage…

Goldmann, c’est aussi un auteur qui a la capacité de générer l’empathie…

Oui… Dans la langue française, les mots sont très importants. On «écoute» une chanson. Or si vous faites du rap, du rock’n’roll, c’est un son. Il suffit de regarder les chansons américaines ou le refrain revient 25 fois dans une même phrase. Si vous faites ça en français, ça ne va pas du tout passer. Les mots sont importants. On est un peuple pour qui la langue prime: les francophones ont besoin d’entendre une histoire. C’est sûr. Et l’émotion vient de l’histoire.

Côté thématique, nombre de vos chansons parlent du temps qui passe. Quel rapport entretenez-vous avec le temps?


Aucun. Simplement, la chanson… en gros, ce qui convient à la poésie, c’est la mélancolie. Ce qui convient à la chanson, c’est la nostalgie. Et l’amour, évidemment. Vous prenez les grands auteurs. Charles Aznavour, par exemple, qui est vraiment pour moi un auteur de chansons hors pair. Ou Jean Ferrat. C’est très nostalgique. «Que la montagne est belle», c’est un chef-d’œuvre. On a un frisson. Pourquoi? Parce que tout à coup il dit: «On va bouffer du poulet aux hormones», et l’émotion vient de la nostalgie. Faut pas trop non plus tomber dedans, mais c’est l’arme absolue de la chanson. Pour la poésie, c’est la mélancolie. Les plus grands poètes utilisaient la mélancolie comme un levier.
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime22.10.07 21:48

la suite
Finalement, on retrouve un peu toujours les mêmes thèmes… ]Oui. Certains sujets sont particuliers. «L’accident», par exemple. Là, c’est un petit film. Mais la grande technique, celle qui pour mois perdurera pendant des siècles, c’est toujours un peu de nostalgie. Les gens viennent pour ça: c’est des points de repère, les chansons. «Le surveillant général», par exemple, ça concerne beaucoup d’hommes de ma génération ou de la vôtre. A un moment, on est tous passé pour un connard…

Il y a certaines chansons, plus anecdotiques, vous ne les reprenez pas. Comme «Il a dit merde», par exemple…

Je ne les reprends pas parce que, certaines chansons, quand vous les reprenez… il faudrait les transformer. Ce qui vieillit dans une chanson, c’est pas la chanson, c’est l’orchestration. Mais si vous la changez, les gens ne reconnaissent pas la chanson. C’est comme le vin: il y a des bouteilles qui s’éventent et d’autres non. C’est marrant, chez soi, quand on les écoute. Mais sur scène, on se rend compte, on s’en fout. Mais il y en a d’autres, je pourrais encore les chanter dans 100 ans. C’est assez curieux: il y a des chansons qui ne vieillissent pas. On parlait d’Aznavour: il y a une époque où il avait repris ses vieilles chansons, «Je me voyais déjà», qui est un chef-d’œuvre, et il les avait fait très jazzy. Et moi j’étais dans la salle, je suis un fan fou, mais je me disais «merde». Je voulais pas ça, je voulais la chanson.

Aznavour a tenté d’écrire une chanson sur le sida, il y a renoncé. Vous en proposez une sur Alzheimer. Est-ce qu’on peut tout traiter?

Il y a la vulgarité qu’on ne peut pas faire, en chanson. Et certains sujets. Le sida, par exemple. On a tous essayé, pour présenter ça d’une manière moins caricaturale que ça l’était au début. Mais on s’est tous cassé la gueule. Il faut se méfier. Je me suis toujours demandé, si j’avais ma guitare et que j’arrivais dans un hôpital pour chanter ça au gars qui est atteint de cette maladie, est-ce qu’il serait content. Je n’en suis pas sûr. C’est délicat. Il y a certaines choses délicates. Le reste, on peut tout dire, du moment que vous ne passez pas au-dessous de la ceinture.

Il y a les chansons de voyage, et les chansons politiques, comme «Allons danser» sur le dernier album…

C’est pas des chansons politiques. Je pars en biais. Les gens disent: il chante le programme de Sarkozy. D’abord, j’avais écrit la chanson deux ans avant qu’il soit candidat. C’est - au contraire - de dire: «Les promesses électorales, c’est du pipeau, allez danser». Les trois quarts du temps, c’est ça. Sarko, je ne crois pas, mais très souvent… C’est plutôt une chanson antipolitique. Ils disent ça, mais ça ne tient pas la route. Je ne chante pas le programme de Sarkozy, mais les gens disent ce qu’ils veulent, je m’en tape. On entend les chansons, mais on ne les écoute pas. Très souvent, j’ai entendu des gens qui m’adorent qui n’avaient rien compris à ce que je faisais. «Je vole», ils ont pensé à tout sauf à un suicide. C’est un enfant qui se suicide. Il va pas en Amérique, il se tire pas. Il va se foutre en l’air, et beaucoup de jeunes malheureusement, le font. A l’époque, il y en avait pas beaucoup, donc on voyait pas venir le malaise. Je l’avais traité autrement, mais bon, pour 99% des gens, c’est un môme qui se tire.


Le thème du suicide, on le retrouve dans «Je vous ais bien eu». C’est une idée qui vous est déjà venue?

Non… je ne pense pas. C’est soufflé de l’extérieure. Donc, à l’époque, je ressentais quelque chose de latent. Il y avait un petit désespoir. Comme je le ressens maintenant, chez les gens, il y a un petit abandon, un désespoir. Et il y a de quoi, honnêtement. Espérons que les choses vont s’arranger. Mais je peux comprendre qu’on baisse les bras. Alors, ça m’est venu, mais c’était pas quelque chose de calculé… c’est l’inspiration.

L’inspiration, c’est aussi être ouvert à tout et son contraire. Vous vous considérez comme un homme de contradictions?

Bien sûr. Je la revendique. C’est ce que je vous dis: quand je rentre sur scène, je suis moi bien évidemment, mais je ne suis plus moi. Je joue un rôle. Je peux très bien dire blanc d’un côté, et noir dans une autre chanson. Ça ne me pose aucun problème. Je peux être un homme amusant, comme je peux être un salaud. C’est du spectacle. On revient toujours à ça: les gens vous identifient à la chanson. Quand j’ai fait «Le privilège», je contredisais complètement «Le rire du sergent». Mais dans «Le rire du sergent», c’était pas des homosexuels dont je me moquais. C’était de ce connard… quand je suis arrivé à l’armée, «artiste», c’était automatiquement «pédé». Il l’a dit qu’une fois. Mais, dans «Le privilège», il essaie d’expliquer que ce n’est pas forcément de la perversion. Très souvent, ce n’est pas de la perversion.

Contradiction, toujours. Deux chansons après «Allons danser», où vous dites qu’il ne faut compter que sur soi, vous parler d’un sans-abri que personne ne remarque plus à cause de l’indifférence de l’époque.

Oui, le monde est planté. Oui, l’indifférence par rapport au type qui est assis sur son carton, ça me troue le cœur à chaque fois. Parce que même si le type va boire après, je m’en fous. Merde, ça ne coûte rien de s’arrêter, de lui filer un euro. Il y a des vrais mecs plantés, des jeunes en plus, leur femme les a quittés, ils ont perdu leur boulot… Tout s’enchaîne. C’est ce que je dis dans la chanson: ça va vite, en quelques semaines, c’est pas plus long que ça. Pour moi, y’a pas de contradiction. Il y a évidemment, «Aide-toi, le ciel t’aidera», il faut pas qu’on pense que quelqu’un va être là pour vous aider, mais en même temps il y a des gens qui sont dans la merde sans l’avoir voulu, sans avoir fait de mal… A une époque, clodo, c’était un état, c’était des anarchistes. Mais aujourd’hui, c’est pas ça: c’est des paumés. Et la marée monte.

Parlons du théâtre. C’est une passion. Vous avez des frustrations par rapport à ça?

Pas du tout. J’y retourne l’année prochaine. C’est une chose dont j’ai besoin. J’ai besoin d’arrêter la chanson, là, un petit peu. C’est pas des adieux, c’est une pause. Parce que j’en ai besoin pour me renouveler. Parce que, tous les ans et demi, se remettre avec son piano, sa guitare, ça devient une industrie. Moi, je suis un artisan. Fabriquer une chanson, ça n’a l’air de rien, mais croyez-moi, c’est pas si simple que ça. Surtout quand ça doit revenir à heure fixe. Alors j’ai besoin d’aller respirer un peu ailleurs. Dans un autre monde, m’enrichir d’autres personnages, d’autres textes. Parce que ça aide aussi. Dans une réplique, vous entendez une chanson. Il y a pas de frustration du tout: au contraire, il y a le désir d’y retourner.

Et le cinéma?

Oui, avec Olivier Marchal. C’est en cours. On n’a qu’un seul problème: c’est les droits. Je crois que ça va vous surprendre. Mais comme c’est une histoire vraie, qu’il y a des gens encore vivants, ceci, cela, c’est compliqué.

Et le plaisir, toujours présent?

Ah, oui. Je vous jure une chose: le jour où je monte sur scène et que je m’emmerde, j’arrête tout. Ça, je vous donne ma parole d’honneur. Parce que c’est un métier qu’on ne peut faire… bon, je vous dis pas que tous les soirs on est en transe… mais c’est un métier où le public sent si vous n’y êtes pas. Donc il faut y prendre un certain plaisir, autrement vous ne transmettez rien. C’est aussi simple que ça: on est obligé d’être sincère. Le manque de sincérité, ça peut marcher une fois, vous avez la technique, le métier, mais si ça doit durer, vaut mieux aller prendre des vacances.

Le Sardou des débuts, il dirait quoi au Sardou d’aujourd’hui?

Vous savez, je vais dire exactement ce que tout le monde dit: que c’est toujours difficile de débuter. Hier comme aujourd’hui. Je n’ai jamais connu un artiste qui débute facilement. Ça n’existe pas. Il n’a que des emmerdes et ça dure 10 ans. Et 10 ans pourquoi? Parce que pour apprendre le piano, c’est 10 ans. La guitare, pareil. Après, vous commencez à être un peu dans le circuit. Mais prendre un inconnu et en faire, six mois après, une vedette, ça vous ne le ferez croire à personne. Ça n’existe pas. Il n’y a aucun métier d’ailleurs… Débuter, c’est difficile. On va vous dire qu’aujourd’hui ça l’est encore plus. Ce n’est pas vrai. Moi, j’ai eu un mal de chien. On ne voulait pas de moi, c’était pas la mode, les auteurs compositeurs français ça faisait chier tout le monde. Maintenant, c’est autre chose, faut être dans le format. Il y a toujours quelque chose. C’est donc toujours très difficile et très long. Et la période d’ombre, c’est la plus belle. La période où vous attendez, c’est là où vous vous formez. Il faut être costaud pour traverser le tunnel.

Et puis il y a le travail…

Le travail, évidemment. Quand vous voyez les émissions où on vous amène une gonzesse qui sort de Perpignan – dont je me fous, d’ailleurs, c’est un exemple – et six mois après c’est une star, non, non, non. Qui va croire ça? Qu’on nous dise c’est une émission de variété, c’est un radio crochet amusant, ça plaît au public, très bien. Mais qu’on ne vienne pas nous dire après: «On la met en deuxième partie de l’Olympia». C’est pas crédible. Parlez-en à Goldman, à Cabrel, ça a toujours été difficile. Et en général, vous remarquerez que c’est jamais le métier qui décide d’une vedette. C’est toujours la vedette qui s’impose contre le métier. Aznavour, il n’avait pas de voix. Bécaud, c’est un fou. Brassens, personne voulait en entendre parler. Moi, je suis arrivé à contre-courant. Le pire des exemples, qui m’a fait rire, c’est Adamo. On était en plein rock’n’roll à la con, et lui, il chante «Vous permettez, Monsieur». On voulait même pas le recevoir. Je n’ai jamais vu le métier décider d’une vedette. C’est toujours difficile: on vous dit, suivez cette ligne et ça va marcher. Prenez exactement le contre-pied et vous êtes sûr que vous allez marcher.

Daran a collaboré avec vous sur «Hors Format»? Comment s’est passée la rencontre, c’est assez étonnant…

Non, c’est ça qui est étonnant. On classifie trop les gens: on s’est entendu comme si on avait fait des chansons depuis 20 ans ensemble. Parce qu’on a la même noirceur au fond, dans certaines chansons. On s’est entendu immédiatement. Evidemment, il est plus rock’n’roll. Je peux en faire aussi: je ne fais pas que ça, parce que les gens se demanderaient ce qui me prend. Le rock, j’ai quand même été élevé avec. Mes références, c’est Johnny Cash…

D’où la pochette de l’album…

Oui. C’est un petit clin d’œil au vieux, que j’ai adoré. Mais, il y a pas de malentendu, on fait exactement le même métier. Même les rappeurs, c’est le même métier que moi. Je crois que c’est les programmateurs

PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL CHIUCH
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime22.10.07 22:55

Merci Serge!!!!
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime23.10.07 0:57

Merci Serge pour la retranscription !
queen
Une belle interview où Michel parle de son métier, de ses chansons, de ses débuts et de la suite de sa carrière, de l'écriture, des radios et du marché de la musique.
yes
Très intéressant, bravo au journaliste suisse (je n'ai pas vu de belle interview comme ça dans les journaux français depuis un petit moment...).

Du coup, on lui pardonne les fautes d'orthographe (il aurait pu passer un coup de correcteur d'orthographe quand même, J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 261193 !) J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 364625 J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 21427
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime26.10.07 18:38

C'est vraiment un article de qualité !

Rarement un journaliste nous fait ceci ! J'aime beaucoup !

Merci !!! J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON 562838
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MessageSujet: Re: J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON   J'AI BESOIN D'ARRÊTER LA CHANSON Icon_minitime

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