ARTICLE l'Est républicain 09/11/2007
Aujourd'hui comme hier
Sans se remettre en cause, Michel Sardou avance dans le temps et la recette fonctionne plus que jamais.
Ils ont chanté «La maladie d'amour» comme s'ils n'attendaient que ces refrains qui ont fait sa première gloire. De quoi donner au héros du jour l'occasion de constater qu'«ils avaient plutôt la patate», hier soir. Public de fidèles et fans inconditionnels qui iront dans la foulée, a cappella toujours, d'un «Mourir de plaisir» plus vrai que nature.
De quoi remarquer que le fonds Sardou n'a pas pris une ride, qu'il a continué dans la même veine même si certaines chansons, contribuant de la même manière à sa gloire, ont heurté certaines sensibilités. Alors il y va de «Femmes des années 80» avec une chorale de 4.500 voix. L'hymne, jugé en son temps, où c'était plutôt mal porté, antiféministe, fait toujours recette.
Il est arrivé sur scène une heure plus tôt, enchaînant ses compositions les plus récentes, la voix toujours pleine d'assurance et le verbe provocateur sans pousser trop loin pour regretter, comme il l'avait fait avec «Le France», la disparition du Concorde ou la lâcheté ordinaire des hommes, simples humains malheureusement capables sous les apparats ou en certaines circonstances de se sentir supérieurs, et même demi-dieux.
Le chaud et le froid
«Je suis donc un chanteur de droite», ne peut s'empêcher d'ajouter Michel Sardou en confiant qu'aux côtés de son père, il regardait, enfant, les interventions du général De Gaulle à la télévision. Belle introduction pour remettre au goût du jour «Le rire du sergent», comme il avait exhumé un peu plus tôt le surveillant de ses classes secondaires.
Il l'avoue, la politique ne constitue plus un bon sujet de chanson. Ses «Ricains», pourtant, font toujours recette. Découverts pourtant bien après leur sortie par les masses, quand le succès l'a rattrapé après ses années de galère, ce qu'on appelle bohème.
Rien à jeter donc, chez ce troubadour qui se produit aujourd'hui dans un costume sombre apprêté, pochette mauve pour rehausser le tout. Difficile de nier que ces trente années au sommet ne sont qu'une succession de tubes aussi divers musicalement que dans le propos. Un quasi sans faute pour ses inconditionnels aussi nombreux aujourd'hui qu'hier.
Il avouera également: «Je suis réservé, timide et je ne mens jamais...» Ce dont, au final, personne ne doute. Le parterre est composé à majorité de fans, certes, mais il les a emmenés où il voulait au gré de ses montées en puissance, des registres musicaux divers où il tape. Acoustique pour certaines introductions comme ce «Je ne suis pas mort» servi quasiment en hors-d'œuvre.
Michel Sardou fait aussi vite donner la cavalerie lourde, flirtant avec ce qui pourrait ressembler à du rock. Le chanteur a fait souffler le chaud et le froid sur le Zénith en superposant dans son récital un cocktail mêlant violons-violoncelle, deux guitares, une rythmique à l'unisson et, quand nécessaire, un chœur solide capable de pousser jusqu'aux subtilités du gospel.
Reste le décor, partagé entre les lights polychromes venus des cintres et des projecteurs posant un subtil jeu d'ombres chinoises et de figures élégantes sur une succession de drapés occupant l'espace scénique.
Jean-Paul GERMONVILLE:casquette: