CONCERT. CE SOIR AU ZÉNITH À GUICHET FERMÉ.
Danser sur Sardou
«C'est la première fois que je donne une conférence de presse en 40 ans !…. Bon voilà, je vais vous dire. C'est ma dernière tournée ! J'ai envie de passer à autre chose. Mais ce n'est pas une tournée d'adieu parce que je continuerai de chanter, de faire des disques et de la scène aussi sûrement, mais les grandes tournées de 150 dates au cours desquelles Jean-Claude Camus (NDLR : son producteur) s'enrichit horriblement (rires), non ça va ! Donc j'arrête. En plus, celle-là va être magnifique, alors finissons sur un truc formidable ! ça vous rend triste ? (rires) Mais j'ai envie de tenter d'autres expériences. Je peux !…. J'ai 59 ans.. Oui oui… Je n'aurais plus jamais 60 ans ! Donc vous m'enterrerez à 59 ans et vous aurez la gentillesse d'écrire : « il est mort à 59 ans » (rires). Rencontre avec un Michel Sardou au sommet de sa forme - et de son art de beau parleur - dans les salons d'un luxueux hôtel parisien.
En quoi cette tournée sera-t-elle « Hors format » comme l'est votre nouvel album ?
Franchement, je n'ai pas pensé la tournée « hors format ». Je suis toujours un homme qui monte sur une scène, qui chante, qui parle aux gens et je vais essayer de faire le maximum pour que ceux qui viennent me voir et qui m'ont déjà beaucoup vu soient encore surpris.
Comment avez-vous trouvé cette chanson, « Allons danser » ?
De temps en temps je me laisse aller à des prises de position qui m'ont d'ailleurs valu une légende assez tenace. Là, contrairement à ce que certains ont pu penser, ça n'a pas vraiment de rapport avec l'actualité puisque la chanson a été écrite il y a un an et demi, mais j'ai voulu montrer le côté répétitif des campagnes électorales avec le sentiment que les gens sont un peu fatigués de tout cela. Et cette chanson, c'est un peu une chanson engagée-dégagée pour dire : « Ne prenons pas trop les promesses au pied de la lettre ».
Et pour les autres chansons ?
Il y en a deux qui me tiennent à cœur : « Les villes hostiles », qui est une sorte de suite des « Villes de solitude », et « On est planté ». Voir des hommes de plus en plus jeunes assis sur un carton sur le bord de la route, ça me gêne beaucoup. Et ça m'emmerde d'autant plus que ça se répand. Alors cette chanson pour moi est peut-être même la plus engagée de toutes. Avant quand on était clochard, c'était un art, un choix de vie, la liberté, avec un côté Pierre Brasseur. Mais maintenant, voir que les gens se retrouvent à la rue parce que des entreprises vont faire leur profit ailleurs !…. Si c'était moi le chef, la délocalisation pour les chefs d'entreprises, ce serait Fleury-Mérogis ! Et là-dessus, je ne plaisante pas !
Tout au long de votre carrière, vous avez travaillé avec de nombreux Toulousains : Roger Loubet, Jacques Cardona, Jean Mora, Bruno Mylonas, J.-J. Fauthoux-choriste de votre dernière tournée. Et puis exit les Toulousains ! Vous n'aimez plus Toulouse ?
« La Maladie d'amour » a été enregistrée à Toulouse, au Studio Condorcet qui à l'époque était dans un garage !…. Non non, j'aime toujours beaucoup Toulouse, mais les orchestres se font maintenant par groupes. Je suis chanteur de groupe ! Et là, les Marseillais ont pris le pouvoir ! C'est l'alternance !….
Et vos prochaines « expériences » ?
Le cinéma, l'écriture et le théâtre. Mais je n'en dirai pas plus.
Juste un petit mot…
Un rôle serait dans l'air dans un film d'Olivier Marschal, qui a réalisé le clip de « Beethoven ». J'ai adoré son film « 36 », un des rares films français que je suis allé voir depuis « Le Clan des Siciliens » ! On s'est marré comme des fous et on est devenu très amis. Et ça va vous surprendre ce que je vais faire. Parce que je m'attendais à tout, mais pas à ça ! Mais vous n'en saurez pas plus ! Bernard Lescure
À 20 heures au Zénith. Complet.
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« C'est lui le patron »
Jean-Claude Camus est le producteur des concerts de Michel Sardou. Il s'est occupé de lui juste après avoir produit le premier concert de Johnny Hallyday, qu'il manage aussi depuis 1975.
C'est facile de manager Michel Sardou ? Oh oui !…. Plus facile que de travailler avec Johnny. Michel aime bien être « le patron ». Il dit d'ailleurs très souvent « Je veux qu'on m'obéisse » et c'est très drôle d'entendre ça de sa bouche. Vous lui dites un truc et immédiatement il vous envoie sur les roses. Mais c'est quelqu'un qui réfléchit beaucoup et qui revient vers vous trois jours après en vous disant : « dis donc, j'ai pensé que peut-être on pourrait….» Et c'est parfait ! Alors vous savez, Michel est très attachant, très affectueux… Et il se bonifie ! Et cette bonification, elle vient d'Anne-Marie ! C'est elle qui nous l'a apaisé !….
Ses principales qualités ? C'est un homme de cœur, un homme de parole. Donc fidèle bien sûr.
Ses défauts ? Colérique !… Mais c'est très drôle parce que lorsqu'il est en colère, j'en connais tout le déroulement : il se met en colère, il s'arrête, il reprend un peu plus tard un ton en dessus, il va s'en aller et puis dix minutes après, le téléphone va sonner pour une quatrième averse… Et voilà, c'est tout Michel ! Et puis ça redescend et tout va bien. Et il revient avec beaucoup de tendresse.
La Dépêche du Midi 24/05/2007