S(t)arkozy Ier, roi du Village people une vue de suisse ! ! ! ! ! ! ! ! !
S(t)arkozy Ier, roi du Village people Le Temps I quot suisse
S(t)arkozy Ier, roi du Village people
Village people.
Par: Stéphane Bonvin Samedi 19 mai 2007
Village people. Pffff. Village people. Quelle ânerie, ce nom. Pourtant, c'était bien, « Village people ». Ca a eu payé. Mais c'est dépassé. Samedi prochain, chiche, j'enlève le haut de cette chronique et je la rebaptise « Planète People ». Ou « United colors of people ». Ou un truc, genre « People de tous les pays ». Genre.
Cela fait longtemps que j'y songeais. Mais je l'ai définitivement compris en regardant l'intronisation, pardon, le couronnement de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, jeudi.
D'abord un tapis rouge filmé exactement comme au Festival de Cannes. Arrive un Nicolas habillé en Dior Homme - comme la majorité des stars masculines de Cannes (pour l'épineuse question de ses pompes à glands, prière de lire le post-scriptum). Et puis, une famille Sarkozy qui débarque, sapée mais relax, comme déboulent, à Cannes, les vedettes d'une superproduction américaine. Et puis, toute cette Sarko-family, statufiée dans la posture d'une dynastie élue démocratiquement façon Kennedy, et qui salue longuement le mur des photographes - comme à Cannes. Une Cécilia, moins « zombie sous Prozac » que d'habitude, en robe de satin duchesse ivoire signée Prada - la marque des actrices intellos-cool, à Cannes. Sans oublier des Sarko-enfants qui ressemblent aux fils de Caroline de Monaco - on reste tout près de Cannes.
Déjà, quelques jours plus tôt, l'escapade de Sarko sur son yacht n'avait rien de la retraite d'un chef d'Etat. Mais tout de l'évasion d'un people qui se cherche à la fois un refuge (la mer, l'endroit le plus difficile d'accès pour les paparazzi) et une scène starifiante pour Paris-Match (la silhouette du people qui se découpe sur le luxueux bateau blanc et sous le bal valorisant des hélicos).
La voilà, la force médiatique de S(t)arkozy : avoir détourné les codes spectaculaires de la presse people pour en faire une forme d'épiphanie politique. A cet égard, ceux qui ont hurlé que la fugue de Sarko sur son yacht et ses accointances avec Bolloré étaient un camouflet pour l'opinion française n'ont pas compris que la célébrité et le fric dépensé par brassées n'étaient plus un truc honteux et répressible, mais le mode d'apparition des people et par là même quelque chose d'admiré, d'adulé, d'adoré. Bienvenue dans le XXIe siècle et la VIe République, celle du people über alles. People über alles. Un joli titre pour une chronique, ja ?
PS. Jeudi, pour son intronisation, le nouveau président français portait des chaussures ornées de deux pompons de cuir - qu'on appelle officiellement pampilles ou glands. « Sarko, pompes à glands », beaucoup ont ricané de voir ainsi le roi des Français déambuler chaussé de souliers évoquant le rastaquouère enrichi. Certes, certes. Mais c'est ignorer, aussi, que les pompes à glands étaient les préférées de George Brummel (1778-1840), le père incontesté du bon goût masculin.
Publié ce samedi 19 mai 2007 à 11h45