Seule une demi-douzaine de personnes ont assisté
mardi matin aux obsèques du célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss
dans le petit village de Lignerolles, en Côte d'Or, dont les habitants
eux-mêmes n'avaient pas été informés.
Photographe
: Jeff Pachoud AFP :: La tombe de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss à
Lignerolles, en Côte d'Or, le 4 novembre 2009
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Jeff Pachoud , AFP
Photographe : Pascal Pavani AFP/Archives :: L'anthropologue Claude Lévi-Strauss le 20 mars 2005 à Paris
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: Jeff Pachoud AFP :: La tombe de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss à
Lignerolles, en Côte d'Or, le 4 novembre 2009
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Jeff Pachoud , AFP
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Claude Lévi-Strauss a été inhumé dans la plus grande discrétion en
présence de son épouse, de ses fils, Roland et Mathieu, de deux
petits-enfants et du maire de Lignerolles, bourg de 50 habitants aux
lisières de la Haute-Marne, Denis Cornibert.
"C'étaient ses dernières volontés: qu'il n'y ait personne à son
enterrement et que l'on garde un silence absolu au moment de son décès.
Ce ne fut pas facile", raconte Denis Cornibert à l'AFP, au lendemain
des obsèques.
L'élu affirme avoir dû se cacher de ses administrés "trois jours
durant", de la mort de M. Lévi-Strauss à son domicile parisien, le 30
octobre "à 18h15", aux obsèques "mardi à 11h30".
"Je me suis enfermé chez moi, je ne répondais plus au téléphone,
j'avais promis à son épouse de ne rien dire, mais j'ai dû prévenir les
fossoyeurs et je pensais que cela alerterait les gens du village",
poursuit-il.Lire aussi
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La discrétion a toujours été le maître-mot du grand scientifique
lors de ses séjours, depuis 1964, dans cet endroit niché au milieu
d'une verdoyante région, dont il était tombé amoureux au retour d'une
de ses lointaines expéditions.
"Il n'aurait jamais voulu que sa présence dans le village change
les habitudes de ses habitants", explique M. Cornibert qui se remémore
l'emménagement du savant à "La Charmette", une grosse maison bourgeoise
entourée d'un parc boisé de 9 hectares.
"J'avais juste 15 ans et je l'ai aidé à transporter une gazinière.
Il m'avait alors remercié, avec une forte poignée de main dans laquelle
se cachait un généreux pourboire. C'était la première fois de ma vie
que j'en touchais un", se rappelle-t-il.
M. Cornibert se souvient aussi des "longues promenades solitaires"
en forêt de Claude Lévi-Strauss, de ses "cueillettes de champignons"
dont "il connaissait chaque nom" et qu'il n'hésitait pas "à croquer
tout cru" pour prouver qu'ils étaient comestibles.
"On avait le même amour de la nature et la même horreur des nouvelles technologies", conclut le maire.
Son prédécesseur Jean Leblond, ne se remet pas lui, de ce "départ en catimini" du centenaire du village.
A 82 ans, celui qui occupa la mairie jusqu'en 2001 l'a appris "par
une incrustation sur des images d'Itélé mardi soir, comme les autres
habitants" souligne-t-il.
"Il aimait tant notre village, il venait même au vin d'honneur du 14 juillet", se souvient l'ancien maire.
"Pour nous c'est la gloire du village qui s'en va", regrette-t-il.
Seule une modeste plaque dorée au nom de "Claude Lévi-Strauss -
1908-2009 - a été posée sur le monticule de terre, sous lequel repose
l'anthropologue au petit cimetière de Lignerolles.
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