"Secret de Famille" avec Davy & Michel Sardou au Théâtre des Variétés
"Arrête de regarder mon pantalon !"
Ainsi ce soir-là s’adressant à Davy, Michel Sardou se laisse-t-il aller à une réaction spontanée sur la mise en scène millimétrée de Jean-Luc Moreau, alors qu’il vient malencontreusement de se tacher en se servant l’ersatz d’un whisky.
Cette répartie, en début de représentation, aura eu la vertu de désamorcer en direct l’inquiétude immédiate du fils au diapason palpable de son père a priori contrarié, tout en déclenchant le fou rire de la scène à la salle, libérateur d’une éventuelle tension résiduelle.
Ce réflexe professionnel est à l’image du souci perfectionniste que le comédien Michel Sardou, de toute évidence, attache aux détails de chaque représentation, en tentant de gérer au mieux tout incident inhérent au spectacle vivant.
Si donc le duo père-fils fait preuve d’emblée qu’il est à l’unisson d’un challenge familial, retaillé sur mesure par l’auteur Eric Assous pour être habillé à la toise du mensonge incestueux, ce sont bel et bien une prochaine belle-fille (Mathilde Penin) et une pseudo belle-mère (Elisa Servier), répliques authentiques des belles-sœurs du Théâtre Saint-Georges, qui seront en première ligne des affres conjugales respectives de Pierre (Michel Sardou) et Quentin (Davy Sardou).
Sylvain (Laurent Spielvogel) le parolier et Régis (Rita Brantalou) le chanteur populaire, deux souffre-douleur et néanmoins amis de longue date de Pierre le compositeur, compléteront, en toile de fond, ce tableau de chasse très privé.
C’est le caractère bougon et dubitatif du personnage paternel, à la manière d’un Jean Gabin redresseur de torts, qui sera mis à l’épreuve du feu libidinal déclenché en ouverture par sa future bru.
Hors du champ de la séduction, Pierre va devoir se débattre avec les déclarations fougueuses de Clémence, la nymphomane dont son fils est éperdument amoureux, tout en assumant le retour lifté d’Edwige, son ex surfant à contre-courant de ses tourments actuels.
D’ailleurs, si papy fait tant de résistance, c’est qu’à un contre deux le test de paternité va devoir maintenant rendre public son verdict fatidique en désignant Pierre ou Quentin.
C’est vraiment beaucoup pour un homme qui aspirait à un monde où tout n’aurait été que transparence !
Le théâtre des Variétés accueille et protège ce secret de famille comme la prunelle de nos yeux :
La recommandation de ne prendre aucune photo durant le spectacle avec ou sans flash est, comme à l’accoutumé, annoncée au préalable précisant toutefois qu’une précédente représentation a dû être interrompue pour ce non-respect.
Comment en effet imaginer que des téléphones portables puissent se multiplier en clichés numériques au désagrément de tous ?
Par conséquent, aucune image du pantalon beige de Michel Sardou avec sa tache gênante n’aurait pu être enregistrée l’autre soir.
Cela devait rester un secret partagé entre lui et le public, et c’est très bien ainsi !...
SECRET DE FAMILLE - ** Theothea.com - de Eric Assous - mise en scène : Jean-Luc Moreau - avec Michel Sardou, Davy Sardou, Laurent Spielvogel, Elisa Servier, Mathilde Penin & Rita Brantalou - Théâtre des Variétés -