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Jean-Luc Wachthausen
01/09/2008 | Mise à jour : 16:20 |
Davy ne cache pas son bonheur de donner la réplique à son père dans « Secret de famille » mise en scène par Jean-Luc Moreau. (François Bouchon/Le Figaro; AFP)
Michel joue pour la première fois aux côtés de son fils Davy dans «Secret de famille», une comédie de mœurs grinçante d'Éric Assous mise en scène par Jean-Luc Moreau. Première, le 1er octobre, au Théâtre des Variétés.
Dans la petite salle de répétition située sous les toits du Théâtre des Variétés, sur les grands boulevards, Michel Sardou, tee-shirt noir, café et cigarettes à portée de main, donne la réplique à son fils Davy, jeune comédien de trente ans, remarqué l'an dernier dans Oscar. Père et fils dans la vie, poursuivant en quelque sorte la longue dynastie des Sardou, comédiens et bateleurs, les voici père et fils à la scène dans Secret de famille, comédie « politiquement incorrect », selon le mot de Michel Sardou.
Il y incarne Pierre, parolier à succès des chansons de son vieux complice Sylvain (Laurent Spielvogel). Divorcé, il a élevé seul son fils, Quentin. La scène est délicate : ce dernier vient annoncer que sa fiancée, la belle Clémence (Mathilde Penin), attend un enfant sans savoir que cette dernière est secrètement amoureuse de son père qui n'est pas tout à fait innocent dans l'affaire… Les répliques fusent, les sous-entendus et les malentendus aussi.
« C'est beaucoup plus méchant qu'un vaudeville, savoure Michel Sardou, parce qu'on rit d'une situation amorale. J'adore jouer ce genre de comédie avec des armes comme la mauvaise foi et le mensonge. Pensez que ma future belle-fille est amoureuse de moi, ce qui me met dans une situation impossible avec mon fils qui ignore tout ça… »
« Je trouve mon fils très bon »
Un personnage ambigu dans lequel le chanteur et comédien Sardou se glisse peu à peu, ravi de renouer avec les planches après ses précédents essais, Bagatelles, Comédie privée de Neil Simon et L'Homme en question, de Félicien Marceau.
« Le théâtre est mon moteur, confie-t-il. C'est un art à la fois créatif et collectif. Il faut se mouiller, aller au fond de soi et chercher son jeu dans le regard de l'autre. On part sur un projet comme celui-ci, sans savoir où on va et c'est le début d'une aventure où tout le monde doit rester soudé autour du metteur en scène - en l'occurrence Jean-Luc Moreau qui est très habile dans la comédie et le seul à donner quatre mille indications par scène… J'ai la chance de travailler non seulement avec mon fils Davy que je trouve très bon, mais aussi avec d'excellents comédiens, mon complice Spielvogel, Rita Brantalou, Elisa Servier, Mathilde Penin qui est une sorte de Maria Pacome. »
Loin de la chanson qu'il n'abandonne pas mais voit à l'horizon 2010 avec un nouvel album et un Olympia découpé en plusieurs rendez-vous, Michel Sardou, qui n'est pas du genre expansif, est évidemment heureux de jouer au côté de son fils Davy. « Il est beaucoup mieux que moi », lâche-t-il en souriant. Et aussi très fier que celui-ci soit à l'origine de cette pièce écrite spécialement pour lui par Éric Assous.
« Du coup, c'est Davy qui me met le pied à l'étrier et non le contraire. Je trouve ça plutôt inhabituel et excitant de me retrouver dans la peau d'un comédien auquel on soumet un texte. » Et même s'il a un rôle ingrat et cruel, celui du dindon de la farce, Davy non plus ne cache pas son bonheur de donner la réplique à son père. « Je ne savais pas s'il allait accepter mon idée de jouer avec lui, avoue-t-il. Tout s'est fait simplement et, sur scène, le courant passe entre nous deux, très naturellement. »
Parfaitement conscient que la pièce repose aussi sur son nom (les locations marchent plutôt bien) mais que le bouche-à-oreille demeure l'arbitre , Michel Sardou, père comblé avec son autre fils, Romain, romancier à succès (lire-ci-dessous), voit se prolonger la dynastie de sa famille de saltimbanques du côté de son père, Fernand.
« Le nom des Sardou se perpétue, dit-il. On s'inscrit dans la lignée des Brasseur, des Bouglione et on devient une sorte de dynastie qui remonte au début du XVIIIe siècle. À l'époque des arracheurs de dents sur le Pont-Neuf, il y avait déjà des Sardou bateleurs qui étaient chargés d'épater le public et, surtout, de couvrir les cris de douleur des pauvres bougres à qui on arrachait les dents.»