Branle-bas de combat à la programmation des chaînes
Paule Gonzalès
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Le 20 heures de David Pujadas sur France 2 serait raccourci, les première et deuxième parties de soirée commenceront plus tôt. (photo France 2) Crédits photo : FRANCE 2
La suppression de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques va bouleverser les grilles.Il ne suffit pas d'écrire des partitions de musique, encore faut-il savoir les orchestrer. Nicolas Sarkozy a mis hier un coup de pied dans la fourmilière audiovisuelle en décidant d'arrêter la publicité après 20 heures sur France Télévisions dès janvier 2009. Tous les directeurs des programmes des grandes chaînes de télévision se sont mis à leur règle de calcul pour étudier la manière dont ils allaient très vite bouger les cases de diffusion des émissions.
À tout seigneur tout honneur, France Télévisions a déjà l'épure de ses soirées. Dans la quasi-foulée de l'annonce du président de la République en janvier dernier, le groupe avait annoncé vouloir avancer son prime time à 20 h 35. «Ce qui signifie, explique-t-on à la direction de France Télévisions, que nos première et deuxième parties de soirée vont commencer et finir plus tôt. De plus, nous devrons construire de solides troisièmes parties de soirée là où nous nous contentions souvent jusque-là de rediffusion».
Un journal musclé sur la finÀ cette question purement chronologique, s'ajoute celle de la nature et des formats des programmes. Chez France 2, principale chaîne de service public, on travaille sur des séries courtes de prime time de 26 minutes. «De quoi avancer l'ensemble de la grille, l'assouplir et la dynamiser», avance-t-on. Les dirigeants de France Télévisions estiment aussi que «cela permettra de prendre plus de risque en deuxième partie de soirée en proposant du cinéma d'auteur, du théâtre ou de nouveaux magazines». Mais cette stratégie exige des moyens. Le groupe audiovisuel public estime qu'entre ses quatre principales antennes, c'est une heure vingt minutes de publicité qui disparaît. Le groupe a chiffré à 70 millions d'euros les besoins des antennes pour créer des programmes de remplacement.
Côté TF1, on reste discret sur les intentions de programmation. Jean-Claude Dassier, le nouveau patron de l'information du groupe, est conscient de l'enjeu. «Il est certain que l'avancée du prime time sur France Télévisions nous fera tous nous interroger. L'hypothèse de raccourcir le JT n'est pas absurde. Mais ce sera une décision de chaîne. Nous pouvons aussi bien construire avec Laurence Ferrari un journal de 37-38 minutes musclé sur la fin et capable de résister à la stratégie de France Télévisions», affirme l'ancien pa­tron de LCI.
Les choix de programmation du leader de la télévision en France seront déterminants pour l'ensemble du paysage audiovisuel. Chez M6, on se veut serein : «La stratégie de France Télévisions ne donnera pas forcément le “la”. Les téléspectateurs ne bifurqueront pas comme un seul homme vers de nouveaux carrefours. Surtout si TF1 choisit de ne pas emboîter le pas des chaînes publiques», indique-t-on dans la chaîne. Une attitude d'autant plus détendue qu'il est de tradition chez M6 de jouer la carte de la contre-programmation. «Ce qui signifie que nous sommes moins rigides que les autres entre 20 heures et 21 heures et que nous sommes capables de réagir très rapidement en fonction de l'évolution des habitudes des Français.» L'évolution des types d'émission de M6 ne devrait pas se poser dans la mesure où la chaîne pratique «toute la palette des formats courts depuis longtemps». M6 rappelle que «c'est plutôt TF1 qui pratique le 90 minutes pour les fictions comme pour les magazines».